Marché immobilier: la Cour suprême a ouvert la voie à l’innovation
Les inscriptions privées et autres modèles de vente demeurent des anomalies sur les marchés immobiliers, même si les tribunaux ont ouvert la voie à l’utilisation plus grande des données immobilières.
Néanmoins, la décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’an dernier la demande d’appel interjetée par le Toronto Real Estate Board (TREB) a permis aux consommateurs d’avoir accès à plus de renseignements au sujet du marché immobilier et a stimulé les occasions d’innovation, souligne Anthony Durocher, sous-commissaire à la Direction de la promotion de la concurrence au Bureau de la concurrence du Canada
«Le consommateur moyen peut bénéficier d’un plus grand choix d’outils en ligne lui permettant de prendre une décision en connaissance de cause, ajoute-t-il. C’est vraiment un excellent résultat pour la concurrence et l’innovation.»
Le nouveau paysage immobilier emprunte des formes diverses. De nouveaux joueurs internationaux comme Redfin, sont apparus, promettant de prélever des commissions peu élevées.
Des acteurs canadiens, comme Zoocasa et HouseSigma, mettent au point des modèles basés sur les données. Des entreprises régionales commencent à émerger. Des chambres immobilières cherchent à modifier leurs règles tandis que des agents immobiliers créent leur propre site de données.
Parmi eux: Stephen Glaysher qui a travaillé comme agent immobilier au centre-ville de Toronto pendant 18 ans. Il a créé un site appelé MLS Sold Data, qui permet aux clients actuels et potentiels de trouver des informations en toute transparence et en toute confiance.
M. Glaysher se dit en faveur de plus d’informations sur les prix de vente depuis longtemps, en partie pour brider son propre secteur.
«Je vois beaucoup de pratiques commerciales contraires à l’éthique chez les agents immobiliers», soutient-il.
Selon lui, il était trop facile pour les agents immobiliers de truquer les chiffres lors de la détermination des prix.
Les consommateurs peuvent maintenant vérifier eux-mêmes les données depuis que les prix de vente sont disponibles sur Internet. M. Glaysher craint que certains prennent de mauvaises décisions en n’analysant pas correctement ces chiffres.
Très opposé à la divulgation des données pour des raisons de confidentialité, le TREB soutient que la décision avait déjà commencé à diluer le système des inscriptions, car des consommateurs ne fournissent pas des renseignements ou n’inscrivent rien dans le système.
Le président du TREB, John DiMichele, dit être préoccupé par l’utilisation des données par des gens à l’intérieur ou à l’extérieur du secteur. Son organisme veut protéger sa propriété intellectuelle et défendre les informations personnelles qu’il détient.
«Nous sommes en train de vérifier et de protéger les informations confidentielles de la base de données de TREB, ce qui correspond aux attentes de nos membres et des consommateurs et aux exigences de la loi», souligne-t-il.
La décision de la Cour suprême a incité des chambres immobilières de grandes villes comme Vancouver, Calgary et Ottawa à ouvrir l’accès à leurs données en ligne. La toute jeune Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) examine la situation.
Le Bureau de la concurrence s’est dit globalement satisfait de la réaction des autres chambres, «la plupart» ayant mis en oeuvre des nouvelles règles.
Mais un spécialiste des questions immobilières, John Andrew, de l’Université Queen’s, refroidit cet enthousiasme. Selon lui, le marché ne semble pas avoir tellement changé.
«La plupart des gens n’ont pas accès aux données disponibles, alors je ne vois pas vraiment qu’elles ont eu un impact très profond sur le marché. J’avais en quelque sorte prédit qu’il s’agirait peut-être de la prochaine étape dans la tendance générale à la libéralisation des données, et cela ne s’est vraiment pas produit, à ma grande surprise.»
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