Quitter Montréal afin de se loger pour moins cher en région
À en croire un sondage mené pour Radio-Canada, presque la moitié de la ville de Montréal risquerait de se vider de ses habitants au cours des prochaines années. Selon cette enquête, pas moins de 42 % des Montréalais ont l’intention de quitter la métropole.
La radio a martelé sans cesse la nouvelle l’autre jour et chaque bulletin me rendait plus perplexe.
Il faut prendre ce genre de résultats avec une poche de sel. Quand on évoque la douceur de la campagne à des urbains au moment où ceux-ci sont privés des agréments de la ville (l’activité culturelle, le bourdonnement des quartiers centraux, des campus universitaires animés, la profusion des bars et des restaurants), faut-il s’étonner qu’ils disent vouloir partir ailleurs ?
L’effet de la pandémie
Et puis, entre répondre à une question de sondage et installer une pancarte « À vendre » devant chez soi pour déménager dans Lanaudière, il y a une marge.
Comme on s’enfonce dedans chaque jour un peu plus, on oublie que la pandémie finira par finir (oui, oui, gardez espoir). Prendre une décision sur la base de circonstances exceptionnelles et temporaires, et sur la foi d’un employeur qui promet le télétravail pour toujours, cela me semble risqué.
Des gens écœurés du confinement ont déjà fait le saut vers l’arrière-pays, me direz-vous. À les entendre, ils semblent ravis de leur décision, le temps leur dira s’ils s’y plaisent pour vrai.
Certes, la pandémie a été pour certains le déclencheur d’un projet déjà mûri. Ce n’est pas d’hier que de jeunes ménages migrent vers la banlieue pour trouver une maison et un coin de jardin. Les quinquagénaires interpellés par la campagne, ce n’est pas non plus original, on ne fera pas une grosse histoire avec ça.
Le principal avantage de quitter Montréal, c’est qu’on trouve ailleurs des maisons moins chères, de beaucoup. Pour moi, le prix de l’immobilier représente le motif le plus important de sortir de la ville, bien avant le confinement, les cônes orange et les sens uniques sur Le Plateau.
Je suis tombé récemment sur un tableau datant de 2018 qui illustrait de manière éloquente les écarts des valeurs immobilières entre régions. Plutôt que de présenter le prix moyen ou le prix médian des maisons unifamiliales, il indiquait le pourcentage des transactions qui s’étaient réalisées en dessous de 250 000 $ dans chaque région pour ce type d’habitation.
Le tableau en question avait été réalisé par JLR Solutions Foncières qui collectent les données de toutes les transactions immobilières du Québec à partir des actes de vente notariés.
L’économiste principale de la firme, Joanie Fontaine, a répété l’exercice à partir des transactions de 2020. Les prix ont augmenté partout depuis deux ans, c’est pourquoi on a modifié un peu le cadre dans cette version concoctée pour Le Journal.
Pour chaque région, l’économiste a ressorti le pourcentage des ventes qui se sont conclues pour moins de 200 000 $, puis en bas de 300 000 $ et enfin sous les 400 000 $. Près de 75 000 résidences unifamiliales ont changé de main depuis janvier dernier, avec un ralentissement au printemps et un rebond à l’été. Les copropriétés sont exclues.
Montréal hors de prix
À Montréal, 1 % seulement des maisons se sont vendues en bas de 200 000 $. On imagine des cabanes délabrées à trois mètres d’une voie ferrée, ou encore des transactions entre amis, mais toujours est-il qu’il s’agit de prix exceptionnels pour l’île. À peine 7 % des transactions ont été conclues pour moins de 300 000 $.
Depuis le début de l’année, seulement 24 % des maisons vendues dans la métropole ont été payées moins de 400 000 $, et ce n’est certainement pas dans les quartiers centraux ! Laval, la Montérégie et Québec sont les autres régions les plus chères. Dans cette dernière, les maisons s’échangent à un prix d’aubaine pour un Montréalais, 87 % des résidences unifamiliales ont coûté moins 400 000 $ en 2020.
De l’autre côté du spectre, 83 % des maisons en Gaspésie ont changé de main pour moins de 200 000 $. Suivent le Nord-du-Québec (80 %), la Côte-Nord (75 %), le Bas-Saint-Laurent (72 %) et la Mauricie (71 %). Dans toutes ces régions, payer 400 000 $ pour une résidence est aussi rare que d’en trouver une à moins de 200 000 $ à Montréal.
Vendre son logement montréalais pour aller vivre ailleurs au Québec ? Ça a financièrement beaucoup de sens, jusqu’au jour où 42 % de Montréalais décideront de le faire !
SOURCE JOURNAL DE MONTREAL
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